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    Courtesy: Solomon R. Guggenheim Museum, New York
    © Robert Smithson

    En 1969, Robert Smithson voyage dans le Yucatan au Mexique et se sent attiré par cet hôtel à la fois en pleine construction, déstructuration et rénovation. Le paradoxe va le pousser à s'en servir au cours d'un séminaire d'architecture à l'Université de l'Utah en 1972 pour montrer la "Dé-architecturalisation" d'un lieu.

    Présenté au départ comme un slide show de 31 diapositives alimenté de son discours et aujourd'hui présenté dans une installation avec projection, l'oeuvre présente un arrêt sur image d'une architecture en pleine mutation et paradoxalement il est difficile de savoir de la construction ou de la destruction de cet hôtel il est question. Dans quelle temporalité nous trouvons nous ? Depuis combien de temps le bâtiment est-il commencé ? A t-il recommencé d'autres fois ?

    Ce qui me semble intéressant ici par rapport à notre recherche sur la photographie documentaire, c'est l'usage qu'en fait l'artiste et ce qu'il nous montre. La photographie n'a pas été réalisée dans un but artistique. Il l'utilise pour une conférence et nécessite un discours pour prendre toute sa cohérence. Les images nous montrent un bâtiment, d'apparence en abandon, mais Smithson nous révèle à travers elles, une autre réalité. Celle-ci est invisible, impossible à photographier, c'est cet temporalité paradoxale. Le lieu est inachevé et nous ne pouvons savoir à quel endroit de sa temporalité il se situe. Il semble fixé dans son inachèvement.

    Quelle valeur documentaire peut-on en tirer ? Les photographies possèdent bien une valeur documentaire implicite, mais où peut-on la situer ? Photo d'art, photo document ? Que nous révèle sa présentation ?


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    Le MACBA vient d'inaugurer la magnifique exposition de Francesc Torres : Da Capo à voir du 6 juin au 28 septembre 2008.


    L'artiste est l'un des pionniers de l'art de l'installation et son travail est une critique questionnant le monde politique, la culture, la mémoire et le pouvoir. Il utilise divers matériaux, en fonction des sujets qu'il traite, comme le dessin, l'installation, la lithographie, la sculpture et la photographie.
    Là où je veux en venir, concernant notre sujet du style documentaire en photographie, c'est que l'une des dernières pièces que l'artiste proposée dans cette exposition utilise la photographie documentaire. En tout cas, on peut l'y rapprocher.

    Oscura es la habitación donde dormimos (2007).

    La présentation de cette oeuvre est assez intéressante compte tenu du contexte de la démarche de l'artiste. Celui-ci n'est pas photographe de formation et utilise la photographie comme un des outils de sa palette. Francesc Torres, décide donc, d'utiliser la photographie sous sa forme documentaire. Documentaire car il ne s'agit pas d'une mise en scène du sujet photographié, mais d'une sorte d'accompagnement d'un événement réel.
    Les photographies en noir et blanc donnent à voir les fouilles archéologiques d'un cimetière particulier. Il s'agit de fausses communes creusées durant le franquisme dans lesquels les cadavres des opposants au pouvoir étaient jetés anonymement après avoir été fusillés.
    Les photographies, malgré une tentative de détachement par rapport au sujet, donnent un sentiment étrange assez dramatique. On peut en trouver la cause dans la présentation des photographies dont le cheminement laisse le spectateur entrer progressivement et mystérieusement dans cette histoire tragique.
    L'artiste use du découpage et de la recomposition des photographies pour ajouter du sens à la photographie. Il y ajoute des objets ayant appartenu aux victimes, trouvés durant les fouilles. Il s'agit bien ici d'une installation dont la photographie en est le principal outil. D'ailleurs le titre de l'œuvre peut interroger aussi : « la habitación obscura », la chambre obscure y est mentionnée implicitement et donne à réfléchir sur l'utilisation de ce médium pour témoigner d'un tel événement. Est-ce une forme passive que de photographier une histoire passée ? Il faudrait interroger l'artiste pour être certain de son intention réelle à travers ce titre...Mais laissons cela de côté pour le moment. Posons-nous d'autres questions...

    Comment pouvons-nous interroger cette pièce aux vues de notre sujet ? Nous avons affaire à une installation au style documentaire, mais peut-on dire qu'il s'agit de photographies documentaires. Un style peut-il être l'essence même d'une photographie documentaire ? Y a-t-il une photographie documentaire et un style documentaire ? A étudier...


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    Dans ce livre de 6 essais sur la photographie écrits de 1973 à 1977, Susan Sontag nous livre différentes réflexions philosophiques sur les liens de la photographie avec la société, de sa posture éthique face à l'objet photographié, à sa relation avec l'art, la société, etc.

    Ce qui m'intéresse ici concerne particulièrement le premier essai: Dans la caverne de Platon. Sontag interroge la relation qu'entretient la photographie avec la réalité et l'essence même de la photographie. La photographie est-elle la réalité ? Montre t'elle la réalité ? Comment la montre t'elle ?

    Pour Sontag, même si la photographie se rapproche esthétiquement plus de la réalité que la peinture, elle n'en reste pas moins un art à part entière et en tant qu'art, ne reste qu'une apparence de la réalité. Si « une photo d'usine Krupp ne révèle pratiquement rien sur cette organisation. », Sontag suggère que seule la narration puisse apporter une part de réalité aux photographies. Il ne reste plus qu'aux usagers « d'appliquer sa réflexion », sa « sensibilité », son « intuition à trouver ce qu'il y a au-delà, ce que doit être la réalité, si c'est à cela qu'elle ressemble».

    Cette relation de la photographie à la réalité est d'autant plus fragile que décontextualisée du cadre dans laquelle elle a été réalisée, elle perd plus ou moins ce lien. Et il faut ajouter à cette fatalité que « Le temps finit par situer presque toutes les photographies, même les moins professionnelles, au niveau de l'art. » Ainsi, son intention première se perd. Ici, on peut rattacher ce propos au grand projet d'Auguste Sander de photographier les hommes du 20ème siècle. Sander le dit lui-même dans ses écrits, son objectif est de réaliser ses photographies pour les générations futures, pour témoigner de son époque lorsque celle-ci aura été révolue. Effectivement, cette œuvre constituant une archive ethnographique de la population du début du 20ème siècle dans une région précise de l'Allemagne a été depuis élevée au grade d'art.
    Par contre, ce que Sontag ne dit pas, c'est qu'elle n'en perd pas pour autant sa réalité propre. Mais il est vrai que les paradigmes du réel nous sont plus éloignés et qu'il nous faut nous rapprocher de l'histoire pour deviner cette réalité lointaine.

     



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  • - Qui a un caractère de document. Le Littré

    - DOCUMENTAIRE, adj. (Reprise du site web: http://www.cnrtl.fr/definition/documentaire)

    A.- Usuel. [En parlant d'un inanimé concr. ou abstr., plus rarement d'une pers.] Qui a le caractère, l'intérêt d'un document; qui offre une source de documents. Importance, valeur documentaire. Walter Scott n'est pas seulement épique, il est, pour tout ce qui touche à l'Écosse, documentaire, comme on dit aujourd'hui, à un rare degré (Bourget, Ét. angl., 1888, p. 86). Les livres documentaires qui peuvent me servir pour mes travaux (Goncourt, Journal, 1893, p. 366). 700 rapports télégraphiques et 3 000 rapports documentaires sont arrivés de France à Londres (De Gaulle, Mém. guerre, 1956, p. 280).

    - CIN. Film documentaire et p. ell. en emploi subst. masc. documentaire. Film, généralement de court ou moyen métrage, à caractère informatif ou didactique, présentant des documents authentiques sur un secteur de la vie ou de l'activité humaine, ou sur le monde naturel. Anton. film de fiction. Un film documentaire non sans intérêt : la vie des bêtes au fond d'un aquarium (Duhamel, Journal Salav., 1927, p. 138). On commence par avaler les actualités, puis un documentaire sur la sardine (Queneau, Loin Rueil, 1944, p. 230) :
    J'avoue qu'un peu froide devant les films romanesques, j'ai bien du mal à retenir, devant les « documentaires », mes oh! et mes ah!
    Colette, Paysages et portraits, 1954, p. 106.

    - Loc. adv. À titre documentaire. À titre de renseignement. Synon. à titre de document. À titre documentaire, j'indiquerai que, pour M. Émile Henriot, les [peintres] primitifs (...) sont « des ignorants » (Lhote, Peint. d'abord, 1942, p. 130). À titre documentaire, on peut enfin reproduire le portrait du docteur Rieux par Tarrou (Camus, Peste, 1947, p. 1238).

    B.- Domaine de la documentation. [En parlant d'un inanimé abstr.] Qui est relatif aux documents. Données, sources, systèmes documentaires.

    1. Analyse documentaire. ,,Représentation, au moyen de termes et de procédés syntaxiques conventionnels, d'un certain contenu des documents (articles, publications) scientifiques aux fins de classement, de recherche d'information`` (Ling. 1972). Les tentatives d'analyse documentaire fondées sur les propriétés statistiques du vocabulaire des documents (Coyaud, Introd. ét. lang. docum., 1966, p. 77).

    2. Langage documentaire. ,,Un langage documentaire est un outil de communication médiate, servant à la communication entre des humains et d'autres humains auteurs de documents. Autrement dit, le langage documentaire est celui que l'homme emploie lorsqu'il veut accéder à certains documents placés parmi d'autres documents, dans un certain lieu, diversement défini`` (Id., ibid., p. 16).
    Rem. On rencontre ds la docum. plusieurs dér. rares. a) Documentairement, adv., par fantaisie d'auteur. Sous forme d'un film documentaire. Le catholique pratiquant lorsqu'il se rend au cinématographe parlant pour voir documentairement le vrai visage du Vatican (Prévert, Paroles, 1946, p. 135). b) Documentarisme, subst. masc. Art, technique du film documentaire. Dès l'origine de l'avant-garde, le courant du documentarisme était apparu à côté de l'abstraction allemande, du cinéma pur ou du surréalisme français (Sadoul, Cin., 1949, p. 192). c) Documentariste, subst. masc. Auteur de films documentaires. Thorndike Andrew. Documentariste d'Allemagne démocratique, excellent spécialiste des films de montage (Id., Dict. des cinéastes, Paris, Éd. du Seuil, 1975, p. 219).
    Prononc. et Orth. : [dɔkymɑ̃tε:ʀ]. Ds Ac. 1932. Étymol. et Hist. 1. 1876 adj. « qui a un caractère de document, qui repose sur des documents » (E. Bergerat, Journ. offic., 14 oct., p. 7496, 3e col. ds Littré Suppl.); 1896-1906 cin. adj. scène documentaire (Catal. Pathé, bob. no 164-A, Bibliothèque de l'Arsenal ds Giraud, p. 147); 1915 cin. subst. (Ciné-J., 1er mars, p. 1, ibid.); 2. av. 1877 comm. (Enquête, Traité de comm. avec l'Angleterre ds Littré Suppl.). Dér. de document*; suff. -aire*. Fréq. abs. littér. : 53. Bbg. Dub. Dér. 1962 p. 42 (s.v. documentariste). - Giraud (J.). Film. Vie Lang. 1963, p. 250. - Pamart (P.). Écriture artiste et créations verbales. Vie Lang. 1970, p. 307.

    - Synonyme: didactique, instructif 


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