• La journée d'étude à l'Université Rennes 2 : L'image à la puissance image : Images et pratiques artistiques contemporaines, organisée par la revue 2.0.1

    Face au constat de la prolifération exponentielle des images, les artistes ont toujours développé des stratégies artistiques répondant aux diverses mutations opérées dans le champ de l’art, de la société et de la technologie. Qu'elles interrogent la singularité de l'oeuvre au regard de sa reproductibilité, qu'elles s'approprient les images précaires, publicitaires, artistiques ou encore qu'elles archivent ou manipulent ces milliards d'images circulant dans le flux du visible, ces démarchent nous orientent toutes dans des interrogations discursives particulières.

    Les intervenants invités explorent chacun l’une des nombreuses interrogation liée à cette image à la puissance image.

    Saluons l’intervention de Raphaël Pirenne, chargé de recherche à l’Université Catholique de Louvain, à propos de l’œuvre « Artist’s Choice » de John Baldessari. Bref résumé : Dans ce projet, l’artiste choisit de mettre en avant les collections de photographies du MOMA dont il est invité, afin de proposer une autre lecture de l’histoire de l’art en réseau. À travers des collages, recadrage et réduction, ces photographies passent du statut d’icône à celui d’image fragmentaire. L’autonomie de l’art est ici mise en crise car les détails trouvent sens dans le contexte de cette nouvelle œuvre, mais aussi parce que la création d’une sérialité demande de prendre en considération l’entre deux de l’image. Cet entre-deux vient bouleverser la compréhension de l’image. Baldessari remet en cause cette autonomie car la dimension syntaxique entre en jeu.

    Saluons également celle de Garance Chabert et d’Aurélien Mole, critiques d’art et commissaires d’exposition, qui ont proposé une figure de l’artiste en iconographe. Bref résumé : En étudiant les collectes d’images dans les démarches artistiques, ils proposent le terme d’iconographe pour les nommer. L’iconographie apparaît avec Aby Warburg en tant que méthode de connaissance historique nouvelle constituée de planches d’images.

    Ils inventorient 3 types de stratégies de l’artiste iconographe :

    - celle de l’artiste monteur. Il s’agit des photos collages (les Surréalistes)

    - celle de l’artiste archiviste opérant essentiellement dans les années 60-70 (Sherrie Levine, Hans Peter Feldman, Christian Boltanski, etc.), ils utilisent les mêmes images démultipliées dans le flux des images. Les appropriationnistes travaillent dans un rapport postmoderniste et interrogent les rapports de l’image à sa singularité et à son auteur.

    - celle de l’artiste astronome créateur de constellation d’images (Aurélien Froment, Documentation Céline Duval, etc.). La constellation est la manière de circuler à travers les images de différentes provenances et de temporalités. Cette manière d’appréhender les images correspond à la pensée rhizomatique de l’Internet dans le sens où la logique du surfeur réfute la hiérarchie. L’association des images provoque une nouvelle forme de poésie visuelle à travers un procédé souvent ludique.

    Saluons la performance détonante d’Eric Wattier alliant phrases lapidaires et images vernaculaires collectées dans des annonces immobilières trouvées sur Internet.

    La revue 2.0.1 publie pour l’occasion son numéro 3 consacré aux pratiques de l’image. Pour plus d’information : http://www.revue-2-0-1.net/

     


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  • Tout commence en histoire de l'art avec Aby Warburg (1866 à Hambourg – 1929), et la constitution de sa célèbre archive "Mnémosyne". Parti de l'idée de créer une histoire de l'art à travers l'association d'images de monuments, de peintures, de poteries et bien d'autres éléments historiques, Aby Warburg a constitué de manière obsessionnelle une archive photographique impressionnante. Il agençait sur des planches des dizaines d’images photographiques de différentes provenance liées entre elles selon des logiques singulières. Cette pratique, tout à fait à part dans l'étude de l'histoire de l'art, s'intitule l'iconographie et on nomme iconographes tout historien de l'art manipulant les images afin de produire un savoir.

    Près d’un siècle plus tard, une génération d’artistes émergents se réclament de l’iconologie warbusienne en engendrant des « constellations » (1) d’images de provenances et d’époques différentes.

    (1) Le terme de « constellation » a été formulé pour la première fois par les commissaires d’exposition Garance Chabert et Aurélien Mole dans Monteur, archiviste, astronome : portrait de l’artiste en iconographe, in Gaëlle Morel (dir.), Les Espaces de l’image, Le mois de la Photo à Montréal, 2009, p. 178-189

     


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